MÉDIAS
Le compagnon idéal des consommateurs globalisés
Devenue une référence dans le monde entier, l'organisation Transnationale.org décrypte en ligne 10'000 entreprises et montre comment l'activité de Disney, Vivendi ou Nike ont des conséquences sur notre vie quotidienne. Un remarquable travail de vulgarisation complété par un nouvel hebdomadaire d'information, " Les Barons marqués "

Gilles Labarthe / DATAS

A qui appartient Persil, Dash ou Cochonou?» se demande Régis Castellani, président de l'Observatoire des transnationales. Cette petite association basée à Le Bousquet-d'Orb (bourgade du sud de la France) a
relevé le défi. A l'heure de la globalisation, pas facile de savoir quelles grosses fortunes se cachent derrières les grandes marques envahissant l'épicerie du village. Pour les consommateurs qui préfèrent acheter en connaissance de cause, il est pourtant essentiel de connaître les vrais propriétaires des entreprises qui délocalisent, licencient en Europe, ou polluent les cours d'eau avoisinants. Vous souhaitez boycotter les multinationales américaines pour protester, même très modestement, contre la politique extérieure meurtrière des Etats-Unis? Voyez le site internet Transnationale.org.

En quelques clics, des centaines de marques s'affichent, bien classées par catégorie. Chaque entrée détaille le profil des sociétés, avec leur organigramme, situation du capital, mention des succursales... et, le cas échéant, leur relation à la famille Bush, ou des liens concernant les affaires les plus flagrantes de corruption, détournement d'argent, violation du code du travail qui les concernent. Une mine d'informations, accessibles et bien présentées.

Depuis cinq ans, la modeste équipe de Transnationale.org (4 à 5 personnes seulement) décrypte en ligne des milliers d'entreprises. Elle propose un «comparateur de marques» «pour «aider le consommateur-citoyen» à faire son choix. Sites de production Disney, influence des lobbies de l'industrie chimique ou agro-alimentaire, manipulations financières de Vivendi ou Parmalat, conditions de travail des employés de Nike... tout, ou presque, est passé au crible. «Notre projet est internationalement reconnu. Le site a reçu plus de 27 millions de visites et affiché plus de 110 millions de pages depuis sa création», se félicitent les responsables. La pertinence des critères d'étude retenus par la fine équipe - épaulée par un réseau de chercheurs européens et nord-américains - a valu au site de figurer comme références des plus grandes institutions privées et publiques.

«Transantionale.org présente un aspect factuel et chiffré qui intéresse surtout les professionnels, économistes, consultants ou entrepreneurs. Nous avons voulu offrir au public un média supplémentaire, plus vulgarisé, qui propose davantage de recul», nous explique Régis Castellani. Compagnon idéal de milliers de «citoyens-consommateurs» globalisés, le magazine hebdomadaire d'information Les Barons Marqués a été lancé le 12 novembre dernier. «Chaque vendredi, il décryptera l'actualité économique, l'activité des entreprises et leurs conséquences sur notre vie quotidienne.»
Il suffit de le télécharger depuis le site internet de Transnationale.org. «Le magazine comprend douze pages. Les articles courts, synthétiques, sont basés sur une documentation fiable et développés par une analyse percutante pour remonter le fil des responsabilités. L'absence de publicité nous garantit une indépendance totale», précisent les responsables.

Et à l'intention de la Suisse ? Régis Castellani invite les citoyens-consommateurs de la Confédération à «regarder plus en amont dans l'histoire du pays d'où vient votre prospérité, et comment s'est mise en place cette sorte de schizophrénie nationale entre «ceux qui aident le monde et les entreprises suisses qui l'exploitent». Plusieurs articles déjà parus dans Les Barons Marqués font d'ailleurs référence à des sujets qui devraient aussi intéresser Berne: les comptes bancaires suisses de Jean-Christophe Mitterrand, ou les responsabilités de Swissair dans la faillite de Sabena. Du beau travail.