SOCIÉTÉ
Offrir de l’or propre à Noël ? C’est pas pour demain
Entreprises de raffinage et banques suisses proposent une large gamme de lingots aux différents formats, certains pesant 5 ou 10 grammes, d’autres à peine plus gros qu’un chocolat praliné. Un cadeau idéal pour stimuler le goût de l’épargne ? Une campagne internationale appelle au boycott de l’or…

Gilles Labarthe / DATAS

Vous n’avez pas les moyens d’offrir une barre de 1 kg d’or (environ 24'600 francs au cours actuel) pour un cadeau de fin d’année ? Acheter des lingots d’or de 1, 5 ou 10 grammes, c’est possible. C’est en Suisse qu’ont été fabriqués ces premiers lingots de très petite taille, accessibles à toutes les bourses. Comme le rappelait il y a déjà 40 ans le grand connaisseur du marché de l’or, Timothy Green, beaucoup de gens en achètent pour Noël. " C’est un joli cadeau pour les enfants ", lui expliquait un vendeur au guichet d’une banque suisse.
Mais où se procurer aujourd’hui ces lingots brillants de tous leurs feux? Modernité oblige, beaucoup sont mis aux enchères sur Internet, certains envois garantissant a priori une certification de l’UBS ou du Crédit Suisse. La société de raffinage Produits artistiques de métaux précieux (PAMP, dont les usines sont situées vers Chiasso) propose de son côté des lingots enjolivés de fines gravures, et vend une partie de sa production sur Internet toujours, via la société GoldAvenue, dont le siège est à Genève.
Inutile de vouloir s’approvisionner directement à la source, par exemple chez la société de raffinage Valcambi, fournisseur du Crédit Suisse. " Nous ne faisons pas de vente au détail, nous explique à Balerne (Tessin) Madame Defeudis, responsable de la société. Nos clients sont des banques ou des compagnies de commerce ".
Pour voir les prix et palper la marchandise, il peut être rassurant de se rendre directement au siège d’une des grandes banques suisses, avant de faire ses achats. L’UBS propose une vaste gamme de lingots d'or " Kinebar, lingot d'or frappé d'un kinégramme excluant toute contrefaçon ", selon son lexique interne. " Pour satisfaire les besoins du public, les lingots standards (le poids du lingot standard ou barre standard est approximativement de 400 onces, soit 12,5 kg) ont été fractionnés. Il existe des lingots de 5, 10, 20, 25, 50, 100, 200, 500 et 1000 grammes, titrant à 999,9 pour mille d’or pur ", explique la direction de l’UBS.
Contacté à Zurich, le service médias de la grande banque suisse nous informe qu’il " ne communique pas des chiffres de vente " concernant les lingots petits ou grands. La période des fêtes reste toutefois une aubaine : " On peut dire que UBS constate une hausse dans la vente de petits lingots (aussi appelés " Goldvreneli ") pour Noël. La raison en est que des grands-parents, parrains ou parents aiment faire des cadeaux " précieux " et de longue vie aux enfants ", nous répond Rebeca Garcia, porte-parole chez UBS.
Mais attention : acheter peu, ce n’est pas forcément acheter bien. Autant le savoir, l’extraction industrielle aurifère à ciel ouvert engendre 20 tonnes de déchets pour fabriquer l’équivalent d’une seule bague en or. Et il n’existe à l’heure actuelle aucune mise en place d’une certification internationale d’origine, similaire à celle en vigueur pour le commerce de diamants (processus Kimberley) pour assurer le client que l’or coulé en lingot ne provient pas de régions en conflit, comme en Afrique dans la région des Grands lacs, par exemple, ou d’extractions industrielles déversant leur lot de pollution mortelle au cyanure.
Acheter du métal jaune 100% garanti " or propre " n’est toujours pas possible, dénonce No Dirty Gold, campagne internationale lancée en 2004 qui en appelle au boycott pur et simple du métal jaune. Parmi les multinationales minières aujourd’hui dans son collimateur, figurent les géants AngloAmerican et Newmont Mining. La première travaille avec PAMP, la seconde avec l’UBS… que pense d’ailleurs la direction de l’UBS de cette campagne pour l’or propre ? " Metalor et Argor sont les fournisseurs de tels lingots pour les banques, et donc responsables et intéressés pour la qualité et la provenance de l'or employé ", conclut laconiquement la porte-parole Rebeca Garcia…